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Subventions agricoles Jacques Chirac reprend en partie des propositions de Bruxelles

PARIS, 21 fév (AFP) - Les propositions du président français Jacques Chirac d'alléger les subventions agricoles des pays développés qui pénalisent les pays africains reprennent certaines propositions européennes et des dispositifs existants, sur un problème qui reste à la fois complexe et polémique.

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Vendredi, au deuxième jour du sommet France-Afrique de Paris, M. Chirac a proposé que les pays riches décident d'un moratoire sur "les aides aux exportations agricoles déstabilisantes" pour l'Afrique, comme la poudre de lait, les volailles ou le riz.

La France entendait ainsi réagir aux critiques des pays africains et organisations non gouvernementales soulignant la contradiction entre ses discours en faveur d'un développement équitable pour l'Afrique et sa réticence à réduire les subventions agricoles qui, en permettant aux produits européens ou américains d'être plus compétitifs, pénalisent les agricultures africaines.

En 2001, le montant des subventions agricoles des pays de l'OCDE a représenté près de 350 milliards de dollars, soit sept fois le montant de l'aide au développement (APD), ou l'équivalent du produit intérieur brut (PIB) de l'Afrique sub-saharienne, selon la Banque mondiale. Son économiste en chef, Nicholas Stern, considère que ces subventions sont un "très grand péché".

La politique présentée vendredi par M. Chirac comporte deux volets: accorder à l'Afrique "un traitement commercial spécial et privilégié" et soutenir les prix de matières premières agricoles comme le coton, le cacao et le café.

"La plupart de ces idées font partie des propositions présentées début janvier par la Commission européenne dans le cadre des négociations agricoles du cycle de Doha en cours à l'Organisation mondiale du Commerce (OMC)", a précisé à l'AFP un porte-parole de la Commission.

"Nous proposons par exemple d'éliminer les subventions à l'exportation pour les produits qui seraient d'un intérêt particulier pour les pays en voie de développement comme le coton, le riz, le poulet, les céréales ou le sucre", a ajouté le porte-parole européen.

Pour le reste, "il faudrait savoir le détail du moratoire proposé par M. Chirac, et comment il compte l'organiser", ajoute-t-il prudemment, en prévenant que "le problème des exportations des pays africains est une question complexe et très difficile à résoudre, et qui ne peut être résolue de façon simple".

"Ces propositions montrent une évolution très positive de la France" sur ce dossier, se félicite-t-on cependant à la Commission.

M. Chirac a également souhaité vendredi "rouvrir le chantier" des matières premières qui font vivre des millions d'agriculteurs africains en proposant notamment "adapter le traitement de la dette des pays pauvres en fonction de l'évolution des cours des matières premières" et "réfléchir aux moyens d'importer une partie (des) productions à des prix garantis".

Or cette idée est déjà en partie en pratique dans le cadre du programme de réduction de la dette des pays pauvres très endettés (PPTE) de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), qui prévoit une adaptation de la dette de ces pays en cas de dégradation de leurs recettes d'exportations, étroitement liées au cours de leurs matières premières.

D'autres estiment que baisser les subventions agricoles ne résoudra pas le problème. "Il faudrait pour cela que l'Europe et les Etats-Unis arrêtent tout simplement de mettre leur production sur le marché africain", a ainsi estimé François Dufour, vice-président d'Attac et cofondateur de la Confédération paysanne.


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